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ReproductionNutrition & santé

Comment faire du tarissement un investissement rentable ?

par Pierre LECHEVALLIER

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Le tarissement est la période à maîtriser dans les élevages laitiers. Entre l’augmentation de la production, la réduction des troubles sanitaires ou encore la maîtrise de l’Intervalle Vêlage-Vêlage (IVV), c’est autant d’éléments qui permettent d’atteindre des performances technico-économiques plus intéressantes à l’échelle de l’atelier. Dans cet article, je vais vous donner des bases pour parfaire vos pratiques lors du tarissement.

Un tarissement ni trop long ni trop court !

 

La durée du tarissement doit être ajustée à l’individu : 8 semaines pour les primipares et les vaches avec des états maîtrisés, et 6 semaines pour les animaux avec un état trop important et les vaches avec plus de 3 lactations. Il faut viser tout au long du tarissement une note d’état de 3,25 ! 

cf article :  Le tarissement : une période pas si improductive

Dès lors, le tarissement se déroule en trois étapes.

 

La 1ère étape : coupez la production de lait !

 

Les 7 premiers jours du tarissement, l’objectif est de couper la production de lait

Pour ce faire, réduisez les apports et cassez la routine de traite. Choisissez une ration fibreuse et à teneurs limitées en énergie et en azote.

 

La 2ème étape : assurez une note d’état de 3,25

 

Jusqu’à trois semaines avant le vêlage, l’objectif est de couvrir les besoins de la vache et du veau avec une NEC stabilisée à 3,25.

Il faut viser des apports autour de 8,5 à 9 UFL/jour, de 800 à 850 PDI et une minéralisation de base. En pratique, cela peut se traduire par une ration à base de :

  • 5,5 à 6 kg de MS de maïs ensilage
  • 1,8 kg de tourteau de colza (pour des hauts potentiels) 
  • 5 kg de paille (à volonté)  
  • Minéral des vaches laitières ou des vaches taries (évitez une BACA* négative sur cette période)


La 3ème étape : préparez le vêlage et le début de lactation

 

Vous avez trois semaines pour préparer le vêlage et le début de la lactation suivante.

1 - Limitez les transitions alimentaires avec une alimentation proche de la ration des vaches laitières (avec de la paille en plus).

  • 9,5 à 10 UFL et 950 PDI minimum
  • 6 à 6,5 kg MS de maïs ensilage
  • 2,6 kg de tourteau de colza
  • 4 kg de paille et plus (à volonté)

 

2 - Gérez une complémentation minérale efficiente avec une BACA négative

Choisissez un minéral à BACA négative, voire amenez du chlorure de magnésium. Vous pouvez aussi limiter volontairement les apports minéraux. Ce choix-là est plus risqué. En revanche l’usage des substances tampons à forte BACA (bicarbonate) est à proscrire.

A lire en complément : Comment prévenir une « fièvre de lait » ? 

 

3- Accompagnez l’animal

Accompagnez l’animal avec une hépato protection et des antioxydants : fourrages de qualité, méthionine protégée, vitamines E, oligo-éléments comme le sélénium…
Accompagnez le rumen par des levures vivantes et du sel. Et gérez le parasitisme.

 

4- Optimisez l’environnement
 

Pour un confort optimal, assurez-vous d’avoir un accès à l’auge de minimum 75 cm par vache ou 1,2 place de cornadis, à de l’eau de qualité en quantité suffisante, à un espace de couchage de minimum 11 m² ou plus d’une logette et une exposition à la lumière maîtrisée (laissez les lumières du bâtiment des vaches taries éteintes la nuit).

Toutes ces précautions vont permettre d’assurer le vêlage et le démarrage des veaux, vont favoriser les débuts de lactation mais aussi vous permettre de partir gagnant pour maîtriser l’IVV.

 

La ration des vaches taries : votre ration la plus rentable !

 

La ration des vaches taries est la ration la plus rentable de votre atelier. Si l’on considère les surcoûts induits par le tourteau de colza (300 €/tonne) et le minéral (1000 €/tonne) de la ration préparation au vêlage par rapport à une ration composée uniquement de fourrages, le surcoût est de 22 € par vache sur l’ensemble de la préparation au vêlage.

Une préparation au vêlage optimisée permet de favoriser la production laitière (1) du début de lactation (4,4 litres de plus à 30 jours) et le délai de mise à la reproduction (6 jours plus tôt). On peut aisément estimer les coûts cumulés de ces pathologies à 250 € par vache (avec une fréquence bien moindre grâce à un tarissement optimisé).

Alors le tarissement, toujours une perte de temps et d’argent ?

 

Source : 

(1) Chen, J., Soede, N.M., Remmelink, G.J., Bruckmaier, R.M., Kemp, B., et van Knegsel, A.T.M. 2017. Relationships between uterine health and metabolism in dairy cows with different dry period lengths. Theriogenology, volume 101, p. 8-14

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