Pour la France, cet objectif est-il réellement atteignable ? L’INRA s’est posé la question et a évalué le stockage additionnel de carbone dans les sols pour différentes pratiques, par rapport à l’évolution du stock si on ne changeait rien.
Quelle est la situation en France ?
En France, le principal puits de carbone est la forêt. Les prairies temporaires et les grandes cultures, de par l’importance de leurs surfaces, sont les deuxièmes contributeurs, avec une tendance à la baisse. Dans nos systèmes actuels, l’évolution des stocks de carbone dans les sols est estimée à +2,3 ‰ par an (ce résultat est très sensible aux hypothèses de calculs prises : il varie de -0,2 ‰ à +3,2 ‰ par an). Cela signifie que globalement, le stock de carbone dans nos sols est stable, voire en légère augmentation. Cependant, certaines pratiques contribuent à dégrader ce stockage, notamment les changements d’usage des sols comme l’artificialisation et le retournement des prairies.
Quels leviers possibles pour augmenter le stockage dans nos sols ?
Afin d’atteindre l’objectif 4 pour 1000, plusieurs pistes d’actions sont possibles.
Pour maintenir le stock de carbone dans les prairies permanentes et les forêts il faut :
- Stopper l’artificialisation des sols,
- Maintenir les prairies permanentes,
- Maintenir les forêts et les pratiques permettant d’entretenir le stock de carbone y afférent
Pour augmenter le stockage dans les prairies permanentes deux leviers sont possibles :
- Intensifier modérément par l’apport de fertilisant
- Substituer la fauche par du pâturage afin de favoriser le retour au sol des déjections et des résidus.
Cela représente 12 % du stockage additionnel potentiel de la France.
Les surfaces en grandes cultures ont le plus faible stock de carbone et ont par conséquent le plus fort potentiel de stockage additionnel (86 % du stockage additionnel potentiel de la France). Cinq pratiques ont été recensées pour augmenter le stockage de carbone dans ces sols :
- Implanter des couverts intercalaires et intermédiaires sur tout le territoire (35 % du potentiel additionnel total),
- Introduire et allonger les prairies temporaires dans les rotations culturales (13 % du potentiel additionnel total),
- Développer l’agroforesterie (19 % du potentiel additionnel total),
- Apporter des composts ou des produits résiduaires organiques,
- Planter des haies.
Quand on parle de pratiques agricoles et de stockage de carbone, la question du semis direct est souvent posée. L’INRA a démontré que cette technique n’a globalement pas d’impact : elle permet d’augmenter le stock de carbone dans les horizons supérieurs mais n’a pas d’effet significatif sur la totalité du profil du sol.
Adopter des bonnes pratiques adaptées à votre région
L’efficacité et le coût des pratiques varient d’une région à une autre. Il n’y a pas de solution miracle mais un mélange de bonnes pratiques à adapter à chaque région. Pour atteindre l’objectif 4 ‰, deux axes prioritaires sont à exploiter : maintenir le stock de carbone dans les prairies et les forêts et augmenter le stockage de carbone en grandes cultures.
Le stockage additionnel pourrait donc atteindre au maximum + 1,9 ‰ sur l’ensemble du territoire. La mise en place de ces leviers devrait permettre de répondre à l’objectif des 4 ‰. Pour aller au-delà, de nouvelles recherches seront indispensables.