Quelles bactéries sont présentes dans mon bâtiment ?
Les plus fréquentes ou les plus connues sont Streptococcus uberis et Escherichia coli. La première est associée à un fumier insuffisamment entretenu et qui chauffe. La deuxième est d’origine fécale, donc les contaminations se font via les bouses, lorsque le couchage n’est pas assez propre, ou par des projections.
Ce ne sont pas les seules bactéries, puisque l’on retrouve aussi des entérocoques (sensiblement les mêmes facteurs de risque que E. coli), Serratia marcescens et Klebsiella. Cette dernière peut être associée à une litière mal conservée (paille ou même de façon plus caractéristique la sciure de bois). Quant à Serratia marcescens, on la retrouve souvent après une forte humidité dans le bâtiment : infiltration d’eau voire inondation qui peut parfois remonter à plusieurs mois voire années s’il n’y a pas eu de vide sanitaire depuis, mais aussi des abreuvoirs qui fuient ou qui sont accessibles depuis l’aire paillée, etc.
Tout commence par le sol !
Pour que le couchage ne soit pas contaminant, il faut d’abord avoir un sol bien adapté, sous la litière. Celui-ci doit être plat, bien régulier et ne pas comporter de trous. En effet, à force de curer, le sol s’abime et des trous se creusent. Ces trous deviennent alors des zones plus difficiles à curer et se transforment en nids à bactéries très contaminants. Lorsque la belle saison arrive et que les vaches quittent le bâtiment, il faut en profiter pour faire une réfection complète du sol si cela est nécessaire. Il faut donc prévoir cela dès la fin d’hiver pour que les matériaux nécessaires (pierres et sables, pour un bon drainage), voire les artisans et la pelleteuse, soient disponibles au moment voulu.
Enfin, la surface au sol doit être suffisante par rapport au nombre de vaches et leur production laitière. Il faut compter 1m²/1000L de lait produit, sans descendre en dessous de 7m²/vache. Par exemple, pour un troupeau à 9000L de moyenne, il faut prévoir 9m²/vache. Par contre, pour un troupeau à 5000L de moyenne, il faut au moins 7m²/vache. Ceci est important pour avoir un tassage optimal de la litière pour éviter qu’elle ne chauffe.
De la même façon, en logettes, il faut que le sol de la logette ne soit pas abimé ni creusé. La pente doit être d’environ 4 à 6%. Et il faut au moins une logette par vache présente.
L’importance d’un bon matelas !
Une fois qu’on a un bon sol, il faut le recouvrir d’une bonne litière ! Que ce soit de la paille entière ou broyée, ou encore de la sciure de bois, ou autres, il faut impérativement qu’elle soit bien conservée, notamment à l’abri de l’humidité, pour éviter les moisissures et le développement de bactéries comme Klebsiella.
La paille doit être apportée en quantité suffisante pour éviter que les vaches ne se salissent (risque par rapport à E. coli), mais pas en excès pour éviter que le fumier ne chauffe de trop (risque par rapport à S. uberis). En pratique, pour un paillage quotidien, prévoir 2,4 kg/m² le premier jour après curage, puis 1,2kg/m² les jours suivants. En répartissant cette quantité sur deux paillages par jour, on fait un apport encore plus régulier ce qui améliore la propreté des vaches, et limite aussi l’échauffement du fumier.
Concernant le curage, il n’existe pas de règle particulière du type : « Il faut curer tous les X jours ». L’objectif est en fait de curer avant que la température de la litière n’atteigne 35°C, car à cette température, les bactéries sont dans leur zone de confort et se multiplient de façon rapide. Il faut donc surveiller la température de la litière avec un thermomètre à sonde, en mesurant au moins une dizaine de points répartis sur toute la surface. Dès qu’un seul point dépasse les 30°C, il faut prévoir le curage dans les 48h. Chaque litière va évoluer différemment en fonction de l’élevage, de la surface et du nombre de vaches, de la météo, du nombre de vaches en chaleurs, etc… Ainsi la fréquence de curage peut varier, donc la température est le meilleur indicateur.
En logettes, il convient de mettre à blanc l'arrière de toutes les logettes (même celles qui paraissent propres). Racler sur environ 1 mètre, deux fois par jour. Puis remettre la litière habituelle en quantité suffisante pour assurer un confort et une propreté des mamelles corrects.
Eviter l’humidité dans le bâtiment !
L’humidité dans un bâtiment est également un facteur de risque qui va favoriser le développement des bactéries. Mais d’où vient l’humidité ? Il y a plusieurs sources possibles.
Aucun abreuvoir ne doit être accessible depuis l’aire paillée, car cela génère forcément une zone humide autour. Les vaches ne doivent pouvoir boire que depuis l’aire d’exercice, bétonnée.
Veiller à ce que le toit ne soit pas abimé pour éviter que la pluie ne tombe sur l’aire paillée ou les logettes, notamment en cas de grosses intempéries. De même, la pluie ne doit pas pouvoir entrer par le faitage. Veiller également à ce que les gouttières soient fonctionnelles. Un bâtiment bien ventilé évacuera de façon efficace l’humidité de l’air générée par la présence des vaches et limitera ainsi l’humidité de la litière.
Dans certains cas plus rares, on peut observer des écoulements d’eau qui entrent dans le bâtiment : par exemple, quand un bâtiment est situé dans une pente. Il faut alors tout faire pour détourner ces écoulements. Plus rare encore : le bâtiment peut être victime d’une inondation. Dans ces deux cas, il faudra prévoir de faire un vide sanitaire dans le bâtiment dès que possible, avec un assèchement du milieu, afin d’éviter les contaminations avec Serratia marcescens. Car sinon, cette bactérie peut persister plusieurs mois, voire années, dans un bâtiment où il y a eu un épisode de forte humidité.
Comment savoir si je suis concerné ?
Les différents facteurs de risque que nous avons évoqué ne sont pas toujours associés à la présence de la bactérie correspondante. En effet, le microbisme d’un bâtiment est variable. Vous avez des mammites et des cellules et vous voulez savoir si vous devez agir sur le bâtiment et le couchage ? Le premier réflexe à avoir est de faire une analyse afin de savoir si des bactéries du réservoir environnemental circulent dans votre troupeau. L’analyse BactérioDétect sur le lait de tank peut vous aider dans cette démarche : parlez-en avec votre conseiller !