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Agriculture bio

Et si vous traitiez vos effluents pour « pailler » vos animaux ?

par Nadège GODFROY

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Réaliser une litière à partir des effluents même des animaux, cela parait improbable, mais ça existe ! Il s’agit d’une alternative intéressante à la paille. Ces techniques sont utilisables en agriculture biologique. Dans cet article, vous découvrirez les trois principales solutions que l’on trouve à l’heure actuelle, ainsi que les investissements à prévoir pour chacune d’entre elles.

La litière compostée

Les litières compostées, courantes en Amérique du Nord, arrivent doucement en Europe. L’étape initiale consiste à établir un tapis de 20-30 cm d’épaisseur, à partir de sciures ou de copeaux de bois, idéalement à faire pendant la saison chaude pour que le processus de compostage soit plus rapide. La litière et les déjections sont mélangées quotidiennement, avec le passage d’un cultivateur à 20 cm de profondeur. Cela permet à l’air de pénétrer dans le mélange, entrainant ainsi le processus de compostage. La température au sein de la litière va augmenter progressivement jusqu’à atteindre entre 40 et 70 °C. Avec de l’attention et un suivi régulier, les résultats « qualité du lait » restent similaires à ceux obtenus avec des litières classiques à base de paille. Cette température combinée à une teneur en humidité de 30-40 % contribue à dégrader rapidement la matière organique et à éliminer les agents pathogènes qui ne survivent pas à des températures dépassant les 55-65 °C. Selon l’état du matelas de compost, il faudra ajouter 10 à 20 cm de sciures ou des copeaux de bois toutes les deux à sept semaines. Le compost est finalement vidé deux fois par an.

 

Avantages

Inconvénients

Confort des vaches

Coûts (voir partie précédente traitant des litières à base de bois). Compter 10 à 16 m3 de sciure par vache et par an.

Requière peu d’investissements

 

Volume final de lisier limité = réduction du volume de stockage y afférant

Gain de temps

La litière de fumier recyclé

Le fumier recyclé peut être obtenu de différentes façons :

  • séparation des solides du fumier dans un méthaniseur,
  • séparation des solides du fumier via un séparateur à rouleaux ou à vis, suivi d’un compostage.

 

Dans tous les cas, la matière organique contenue dans le fumier n’est pas complètement compostée à l’issue de la fabrication : entreposé en tas, elle va se remettre à dégager de la chaleur. La litière compostée doit donc être utilisée rapidement et entretenue de façon à limiter son échauffement, qui risquerait de provoquer l’explosion des bactéries. L’entretien de ce type de litière est le même que pour une litière paillée classique : dès qu’elle est souillée ou mouillée, il convient de racler et de la remplacer.

 

 

 

Avantages

Inconvénients

Très bon confort de couchage

Hygiène de traite indispensable pour ôter tous les résidus de litière

Matériau renouvelable, facilement accessible

Coût d’installation

Le lisier déshydraté

Le lisier déshydraté est une solution comparable au fumier composté. Certains élevages optent pour des logettes sur lisier déshydraté, issu d’un séparateur de phase. Contrairement au fumier composté, il n’y a pas de fermentation : il s’agit simplement d’extraire la partie solide des lisiers. Le matériau obtenu après passage au séparateur de phase est aux alentours de 30-32 % d’humidité. Un mot d’ordre : ne pas pailler les logettes, sous risque de relancer les fermentations. Dans un premier temps, épandre le lisier déshydraté par petites couches, puis une fois que le matelas est assez épais, il est possible de réduire la fréquence d’apports (une à deux fois par semaine) tout en augmentant la quantité. Ce compost peut être distribué au godet.

 

Cette méthode permet de se passer complètement de paille et de réduire le volume nécessaire de stockage des effluents. Un budget reste à prévoir : compter de 20 à 30 000 € pour le séparateur de phase, auquel il faut ajouter les coûts liés à la maçonnerie et à la pompe à lisier notamment.

 

Version fumier ou version lisier, ces méthodes de « recyclage » des effluents permettent de réduire drastiquement, voire de se passer complètement de la paille. Courantes dans les grands élevages outre-Atlantique, elles y sont utilisées depuis des années et arrivent peu à peu dans nos régions.

Pour maintenir des résultats cellulaires corrects, il est indispensable d’être rigoureux dans les protocoles, sinon la situation sanitaire risque de déraper rapidement.

 

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