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Agriculture bioNutrition & santé

En bio, produire plus de 20l/VL/j en hiver, oui mais comment ?

par Didier DESARMENIEN

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Le cahier des charges européen actuel permet une grande latitude dans les systèmes alimentaires des vaches laitières en bio à condition bien sûr de les alimenter avec des fourrages et des concentrés issus de l’agriculture biologique. Il n’y a pas de restrictions sur le pourcentage de tel ou tel fourrage et le concentré est plafonné à seulement 40 % de la ration totale. Ceci étant, on a de la souplesse pour corriger les rations et permettre aux vaches d’être aussi productives qu’en période de pâturage.

Du correcteur azoté bio pour dépasser les 20 kg/VL/j

Sur l’hiver, sans pâturage, les niveaux de production des vaches laitières bio des élevages Seenovia (ECEL en Pays de la Loire) sont en moyenne de 19 à 21 kg/jour. Sur les mois d’hiver (Décembre-Janvier-Février), cette moyenne cache une grande variabilité. 40 % des éleveurs bio parviennent à produire plus de 20 kg de lait/VL/j et 10 % sont même au-delà des 25 kg/VL/j !

Dans ces élevages, le maïs ensilage représente généralement 30 % à 50 % de la matière sèche des fourrages hivernaux. Avant de rajouter de l’énergie, généralement sous forme de céréales fermières (mélange céréales-protéagineux, voire maïs épi ou maïs grain), il est presque toujours indispensable d’apporter du correcteur azoté, même si l’herbe récoltée représente 70 % de la ration. Pour limiter ses besoins en concentré azoté, la qualité de l’herbe récoltée est fondamentale : ensilage ou enrubannage précoce ou dans l’idéal, foin séché en grange.

Les protéagineux produits sur l’exploitation (féverole, pois…) sont idéalement toastés pour améliorer leur valeur en protéines et se comporter réellement comme des correcteurs azotés.

La luzerne ou le trèfle violet déshydratés peuvent également constituer de bons correcteurs azotés fermiers s’ils sont récoltés au bon stade (stade bourgeonnement au moment de la fauche).

Confirmez vos déficits de protéines par une analyse de vos fourrages

Ce n’est pas parce qu’on a des récoltes de prairies riches en légumineuses qu’on a suffisamment d’azote dans sa ration. La richesse en protéines de l’herbe récoltée provient surtout de son stade de récolte.  Il faut récolter de l’herbe jeune (avant épiaison ou avant la floraison pour les légumineuses comme la luzerne) pour maximiser la teneur en protéines de son stock d’herbe (cf. graphe ci-dessous issu des tables INRA).

La minéralisation de la matière organique du sol joue également sur la teneur en protéines de l’herbe récoltée. Il faut aussi une bonne fertilisation organique et un climat favorable à sa minéralisation (chaud et humide) pour maximiser la valeur azotée de l’herbe. En 2019 et en 2020 notamment, avec un printemps froid et sec, la minéralisation de la matière organique a été fortement freinée et l’herbe était souvent pauvre en azote malgré la présence de légumineuses.

Le DAC : un atout supplémentaire

L’achat d’un correcteur azoté bio (entre 800 et 1000 € la tonne selon sa provenance et son taux de MAT) peut à première vue faire peur alors que le retour sur investissement est souvent rapide si le potentiel des animaux est présent et sous réserve qu’on le distribue de manière ciblée.

A ce titre, la présence d’un distributeur automatique de concentré va permettre de gérer de manière individuelle et fine la distribution des aliments et notamment du correcteur azoté. On organisera la distribution au DAC avec deux aliments séparés :

- un correcteur azoté à 38-39 % de protéines, ciblé uniquement sur la première partie de lactation et sur les fortes productrices ; on optimise ainsi l’investissement, en accompagnant les démarrages de lactation de façon équilibrée tout en assurant la persistance de la production au-delà.

- un complément énergétique : céréales ou mélange céréalier battu. Ce produit étant généralement produit sur l’exploitation et donc avec un coût de production moindre, sera distribué à tous les animaux pour remonter le niveau global de la ration de 2 à 3 litres maximum. Ce concentré fermier sera un bon moyen de soutenir en lait des vaches plus faibles productrices en fin de lactation sans trop grever le coût alimentaire.

 

En Bio, comme en conventionnel, la qualité des fourrages est déterminante pour ceux qui veulent améliorer leur niveau de production hivernal et, par exemple, pour ceux qui visent les 20 l minimum/VL/j.  A ce niveau-là, il faut généralement du correcteur azoté Bio acheté ou issu de protéagineux fermiers toastés à moins d’avoir beaucoup de légumineuses dans ses prairies de fauche (luzerne ou trèfle violet).

 

Article co-écrit avec Mickaël SERGENT, Expert Nutrition Seenovia 

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