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Agriculture bio

Continuer le maïs en bio, et pourquoi pas ?

par Nadège GODFROY

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Face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents, nombreux sont les agriculteurs qui souhaitent diversifier leurs ressources alimentaires, aussi bien pour les fourrages que pour les concentrés. Cet enjeu d’autonomie est d’autant plus fort en agriculture biologique. Le maïs est une ressource fourragère qui mérite que l’on s’intéresse à elle, même en agriculture biologique. En effet, il peut très bien s’accommoder des techniques de l’agriculture biologique: en moyenne, on peut compter sur 80 % du rendement fait en conventionnel.

Pourtant, lors des conversions à l’agriculture bio, peu d’agriculteurs tentent de poursuivre le maïs. Afin de mieux maitriser cette culture en bio il est important de suivre quelques conseils techniques et d’avoir en tête les intérêts technico-économiques de cette plante dans l’atelier laitier.

Une culture gourmande en temps de travail

La principale difficulté concerne le désherbage : c’est certainement l’élément décisif de réussite de cette culture en agriculture biologique. Le maïs étant une plante sarclée, le passage d’une herse-étrille, une houe rotative ou une bineuse se fait très bien et permet de limiter le salissement des parcelles. Néanmoins, ces passages répétés d’engins mécaniques peuvent rapidement s’avérer chronophages et arrivent souvent dans des périodes déjà bien occupées dans les champs.

Idéalement, le maïs s’implante après une prairie. Dans ce dernier cas, cela lui permet de bénéficier de l’arrière effet de la prairie sur la fertilisation et sur le salissement. Il faudra veiller à retourner la prairie assez tôt dans la saison, en période ensoleillée et relativement chaude afin de limiter les risques d’attaque du taupin. Le maïs peut également trouver sa place après une culture de protéagineux et de céréales. Evitez toutefois les précédents crucifères qui risquent de présenter un fort développement d’adventices. Il est conseillé d’espacer les cultures de maïs sur au moins cinq ans, pour éviter l’épuisement et le salissement des sols.

 

Les rendements dépendent de la qualité du désherbage et bien entendu de l’alimentation hydrique de la plante. Selon les secteurs, ils peuvent varier de 40 à 90 qx/ha en grain et de 8 à 15 TMS en ensilage, soit environ 80 % des rendements conventionnels. C’est par ailleurs l’une des espèces qui réagit le mieux à la conversion à l’agriculture biologique. A titre indicatif, le rendement moyen des céréales bios est de moitié celui atteint en conventionnel.

Le mode de récolte du maïs est à adapter selon la quantité et la qualité de l’herbe

Le maïs est riche en amidon lent et en cellulose. Il permet ainsi de densifier énergétiquement les rations des animaux à forts besoins, tels que les vaches laitières ou les bovins à l’engraissement.

Plusieurs modes de récoltes existent. Le maïs ensilage est certainement le plus courant. Si vous visez de hautes performances laitières, il est intéressant de se poser la question de densifier le maïs. En coupant à 50 cm au dessus du sol, vous perdrez 10 % du rendement total, mais vous améliorerez la teneur en énergie et en protéines de 5 %. Vous pouvez même aller plus loin, si vos stocks fourragers sont à l’équilibre, et ensiler uniquement les épis de maïs. Le choix du mode de récolte de votre maïs dépendra de la quantité et de la qualité de l’herbe récoltée.

 

Maïs ensilage

Maïs épi

Maïs grain humide

Maïs grain sec

MS (%)

32

50

65

86

Rendements (TMS /ha)

8

5,2

4,4

4,4

UFL

0,93

1,08

1,22

1,22

Cellulose brute (%)

18

9

2,5

2,5

Amidon (%)

30

60

74

74

UFL / ha

7,44

5,62

5,37

5,37

Coût (€/TMS)

110

175

215

235

 

En bio, le frein courant à l’utilisation du maïs dans les rations concerne l’équilibre en protéines qu’il faut assurer pour que vos animaux expriment le potentiel de la ration que vous leur distribuez. Comptez entre 700 et 850 €/T pour du tourteau de colza bio et jusqu’à 1 000 €/T pour de tourteau de soja bio. Cependant, le fait d’équilibrer correctement une ration, permet d’améliorer la marge alimentaire et l’investissement dans du correcteur azoté, même au tarif bio, peut s’avérer avantageux.

Exemple de performances technico-économiques de rations pour vaches laitières

 

 

Production permise

Coût alimentaire/ 1000 litres

Marge sur coût alimentaire (€/1000 litres)
Prix de base 450 €/1000 litres

Ensilage d’herbe : 12 Kg

Foin : 2 Kg

Regain : 2,5 kg

Pois : 2 Kg

Orge :1,5 Kg

24 Kg

123 €

327 €

Ensilage herbe : 9 Kg

Ensilage maïs : 8 kg

Foin : 1,5 kg

Tourteau de soja : 1,5 Kg

24 Kg

133 €

317 €

Ensilage d’herbe : 12 Kg

Maïs épi ensilé : 4,5 Kg

Foin : 2 Kg

Tourteau de soja : 0,8 kg

24 Kg

111 €

339 €

Foin : 13 kg

Maïs grain : 4 kg

Tourteau Soja : 1,2 Kg

22 Kg

119 €

331 €

 

 

Ce constat technico-économique est valable aussi bien pour la production laitière que pour les phases d’engraissement. Le coût du correcteur azoté peut rebuter, mais le résultat final mérite de se poser la question, notamment dans des rations comprenant du maïs, riches en énergie.

 

Finalement, la culture du maïs se prête bien aux techniques utilisées en agriculture biologique. Le principal inconvénient réside dans son caractère chronophage : le désherbage mécanique tombe souvent en pleine période de travaux dans les champs. Au-delà de l’aspect cultural, le maïs présente de vrais atouts pour les rations animales. Grâce à sa richesse en protéines, il est parfaitement complémentaire à l’herbe. De plus, sa souplesse d’exploitation permet d’ajuster la stratégie de récolte : vous avez besoin de fourrages ? Ensilage ! Vous avez finalement assez de fourrages ? Maïs épi ou maïs grain !

 

N’hésitez pas à vous faire la main sur quelques hectares la première année, pour vous faire une idée. Les conseillers d’élevage sont ensuite là pour vous aider à caler vos rations au plus juste : les marges sur coût alimentaire sont en faveur des rations équilibrées, permettant aux animaux d’exprimer leur potentiel de production.

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